A l’inverse des collages où j’intervenais en longues sessions, attendant de terminer une œuvre pour en commencer une autre, je travaille maintenant sur plusieurs peintures en même temps.

Etant de nature assez impatiente et la technique de l’huile imposant des temps de durcissement plus ou moins longs, produire un groupe est une stratégie m’aidant à ne pas rester trop longtemps les bras croisés.  Néanmoins, les temps de pause sont inévitables et ils me permettent d’avoir du recul sur ce que je fais, au fur et à mesure de la création.

C’est comme une nage où l’on prend régulièrement sa respiration, contrairement à avancer le plus loin possible en apnée. Le temps fait s’installer un silence, l’observation devient outil, au même titre que le pinceau. Le geste se raréfie. Le principe d’accumulation disparait. Tout devient dense.

Chaque trait est ainsi produit dans une forte pesanteur. Le travail est de plus en plus en contrôle, quand bien même il s’agit d’avoir une spontanéité dans l’apposement des matières. La moindre trace a son poids. Le dessin est donc lent, le geste pesé. Cette Ombre et lumière N°7 résulte ici d’une avancée délicate, où les traits s’affirment avec d’autant plus de volonté. La forme émerge sciemment. Elle est assumée.