Rarement, une oeuvre s’est faite avec autant de difficulté. Elle en porte la trace, elle en a sa profondeur. La surface a vécu.
J’étais véritablement à l’aveugle en la créant. J’ai tracé, effacé, redessiné ou peint, pour recouvrir ou enlever encore.

Le but est de faire forme mais de ne pas systématiser. On doit reconnaître mais chaque oeuvre doit être unique. Faire une série n’a rien à voir avec répéter, reproduire. Et donc une partie de mon travail consiste à enlever certains automatismes.

Si j’étais au début de ma pratique artistique, je crois que j’aurais abandonné celle-ci. Mais l’expérience m’a enseigné la patience, la confiance par-delà les moments de vide et de doutes (que j’ai incontestablement vécu ici).

ET effectivement, le temps a fait son oeuvre. Comme dans la vie, on avance parfois sans trop savoir à quoi s’attendre, et même parfois en se demandant bien le sens de tout ceci. Puis vient le moment où tout converge, ou ce qu’on a fait prend une signification.

C’est l’histoire de Fragment N°10 ici. Et l’on peut y voir la texture des stigmates colorés, les pigments et les collages des hésitations, des silences et des choix.