Je souhaite qu’on voit les gestes qui ont créé la peinture. L’autre, cette personne qui s’arrête, prend le temps de regarder, je veux l’honorer, en montrant la vérité de ce moment. Qu’elle puisse hésiter, reculer, effacer, tracer, couvrir, bref vivre avec moi cette histoire.

La peinture devient stigmates. On verra le papier, les premiers tracés et coups de pinceaux marqués par le pastel sec dilué à l’huile ou à l’eau. Couche après couche, la forme s’est sculptée à force de recouvrements et d’assemblages. Par l’accident et le choix se révèle une forme à mes yeux, celle qui fera l’identité de l’œuvre.

Je dis à mes yeux car c’est mon rôle. Il appartient à chacun de se faire confiance, d’explorer ce qui lui est inconnu, de ne pas laisser les autres décider ce qui bien, beau ou juste. En tant que peintre, tout ce que l’on doit à l’autre, c’est l’authenticité de sa démarche et la qualité matérielle de ce qui est produit afin que l’émotion suscitée reste intacte des années après les premiers émois.

Ce qui motive la création n’est pas l’empire de l’autre comme je ne me permettrais pas de juger du bien fondé de tes croyances du moment qu’elles n’aliènent personne.

Voici donc une figure presque animale, organique, comme un témoignage, telle une peinture rupestre ; une proposition sortie du plus profond, sortie des entrailles, sortie des tréfonds.