Lors de la création de cette œuvre, la thématique n’était alors qu’un ressenti et les mots n’étaient pas encore posés sur ce qui était pourtant déjà présent dans l’intention : d’un ordre mystérieux nait l’énergie chaotique de la vie et les formes fantastiques qu’elle revêt. Y-a-t-il une raison, une finalité ? Cela nous est impénétrable. Et pour combler ce vide, nous nous créons des fables et des théories.

Pour illustrer ce postulat, je crée un jeu symbolique entre le carré (signe d’un ordre dans son unité, comme une entité finie) et des formes libres à l’interprétation et à la fantasmagorie. J’exclue d’imposer ou même seulement de proposer une quelconque connotation dans ces formes. Les signes créés laissent le spectateur libre de sa vision du dessein du monde. Il crée sa propre cosmogonie.
C’est une volonté de partager simplement, intimement, un questionnement : « Comment me vois-je dans ce grand chaos ». Il lui appartient d’avoir ses propres réponses.
S’il faut chercher à convaincre le spectateur d’une chose, c’est qu’il est LIBRE, que personne ne vaut plus qu’un autre si l’on prend conscience de notre condition éphémère.

C’est vraiment ce sentiment qui m’a accompagné durant la création de cette œuvre et ce qui me frappe, c’est que cela s’est fait de manière presque naturelle. C’est comme si, après tout l’enjeu d’être première d’une série, « Cosmogonie N°1 » avait permis d’évacuer toute tension pour laisser place uniquement à la démarche. Bien entendu, dans ce 2ème opus, il y avait malgré tout cette petite appréhension de réussir à poser véritablement une collection.

Et finalement, sans douleur mais juste avec une espèce vigilance, « Cosmogonie N°2 » s’est révélée et représente aujourd’hui une étape clé de mon travail. Car elle m’a permis de poser solidement la base thématique inspirant toute la série. Ce jeu symbolique des formes sera un langage qui permettra d’explorer, sur plusieurs œuvres, d’autres tonalités, d’autres variations.

Dans la pratique, le jeu entre dessin intuitif et maîtrise du geste, entre présence et évanescence, utilise à plein la qualité des matériaux sélectionnés. Fins et souples, ils viennent appuyer la volonté de mouvement, de rythme. L’espace se veut plus ouvert, plus large pour laisser les formes y vivre pleinement et s’y mouvoir. L’idée qui est reconduite dans les autres œuvres à partir de celle-ci – et c’est d’ailleurs une autre évolution majeure par rapport à la précédente production – est de saisir un fugace instant, avant que ce qui s’offre à voir là soit définitivement perdu pour être autre chose.