Retour de la couleur dans cette nouvelle œuvre. Après les 5 précédentes productions (désormais vendues), je souhaitais que s’opère un plus grand nombre d’interactions visuelles. Que se crée la surprise des harmonies et des tensions. Cette recherche est une façon également d’employer petit à petit des teintes avec lesquelles je ne parviens bizarrement pas à travailler en abstraction. C’est comme si elles avaient une trop grande importance, un trop grand impact pour parvenir à être utilisées au hasard.

Je m’y emploie néanmoins et cette recherche va constamment marquer mon travail, je crois.

C’est comme une marche où on utilise constamment le déséquilibre pour avancer. Mais ça va un peu plus loin, parce que contrairement à la marche, il faut insister un peu plus pour une moins grande maîtrise, toujours être au bord du trébuchement pour que ce qui en résulte soit intéressant. On peut s’interroger alors sur ce que veut dire réussir une œuvre.
Ça ne peut être soumis à des règles de composition, de couleurs, d’emploi de matériau ou que sais-je. L’émotion, l’art avancent affranchis de la bienséance.
Avec cette Abîme, je poursuis ainsi l’abandon de mes propres limitations.

Intégrer le chaos dans un ordre. S’adapter à la surprise, aux événements, à l’accident pour y donner sens. La peinture abstraite ici m’est une leçon. Cette œuvre est un des nombreux pas dans ce chemin.

C’est la couleur mais c’est aussi explorer les possibilités des matériaux afin d’en exploiter toutes les capacités. Que m’offre l’intensité de ces pigments, jusqu’où va la souplesse de cette huile ou la solidité de cet acrylique ? Finalement, ces matières nobles sont-ils violentés ? Ils donnent plutôt leur plein potentiel.